Si le débat s’est imposé dans la campagne présidentielle, c’est parce qu’une très grande majorité de Françaises et Français seront un jour concernés par une succession. Mais c’est aussi parce qu’il existe un consensus large dans la population : aujourd’hui, 8 Français sur 10 sont favorables à une baisse de l’impôt sur les droits de succession.[1] Cette volonté de réforme est liée au sentiment général d’être « trop taxés », mais aussi à des inégalités de traitements. En décembre 2021, le Conseil d’analyse économique (CAE), un organisme rattaché au Premier ministre et composé d’économistes indépendants, a rendu un rapport intitulé « Repenser l’héritage ». Celui-ci alerte sur les inégalités inhérentes au système actuel : la part du patrimoine national détenue par 1 % des Français les plus fortunés est passée de 15 % en 1985 à 25 % en 2015. Des « dynasties d’héritiers » se constituent, qui ne sont pas sans rappeler le modèle des États-Unis « où les 10 % les plus riches possèdent 80 % du patrimoine national » comme le souligne le rapport publié par l’Observatoire des inégalités mondiales en 2022.
Aujourd’hui, en France, la moitié de la population reçoit moins de 70 000 euros en héritage, tandis que les 10 % les plus aisés héritent en moyenne de 500 000 euros. Dans son rapport, le CAE pointe des inégalités criantes : si, en théorie, le fisc français taxe à 45 % les tranches les plus élevées (montant supérieur à 1 805 677 euros) en ligne directe (c’est-à-dire mère, père, enfant ou petit enfant), la réalité est toute autre. Le CAE dénonce un système français « mité d’exemptions et d’exonérations », où les « 0,1% des plus riches » (soit les personnes ayant hérité en moyenne de 13 millions d’euros par tête) ne paient pas 45 % de droits de succession mais… « seulement 10% en moyenne ». Et le rapport de conclure ainsi : « parce qu’il est extrêmement concentré, l’héritage nourrit une dynamique de renforcement des inégalités patrimoniales dont l’ampleur est beaucoup plus élevée que celles provenant des revenus du travail ».
Le saviez-vous ? Dans le monde, les pays qui taxent le plus lourdement les très hautes successions et donations sont le Japon (55%), la Corée du sud (50%) et la France (45%). A l’inverse, le Portugal, la Norvège ou encore la Suède ont abandonné cet impôt.
Historiquement en France, la gauche a tendance à prôner des droits de succession progressifs pour éviter la fameuse « concentration du capital », tandis que la droite préfère une taxation plus souple au nom de « la transmission familiale ». En 2022, cette tendance se confirme dans les propositions des candidates et candidats. A gauche, on promet le « zéro taxation » en dessous de différents seuils (allant de 118 000 euros à 300 000 euros) et des impôts progressifs pour les successions importantes. Au centre, on préfère ne pas taxer davantage et à droite, on parle d’augmenter les abattements (notamment en ligne indirecte).
Qui hérite si la personne décédée n’a rien prévu ?
Qui est exempté de droits de successions ?
Comment s’organise la progressivité de l’impôt ?*
Qui peut obtenir une réduction des droits de succession ?
Les mineurs doivent-ils aussi payer les frais de succession ?
Quand faut-il payer les droits de succession ?
*Tous les montants sont disponibles sur la page dédiée du site du Ministère de l’économie, des finances et de la relance.
Dans son rapport, le CAE estime que « 40 % du patrimoine échappe au fisc » grâce aux niches fiscales, qu’il préconise de « réduire ou supprimer ». Le CAE formule ainsi 4 grandes recommandations, que l’on pourrait résumer ainsi :
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[1] : Source : sondage OpinionWay-Les Échos, janvier 2022